Lors du Midi de l’ESS du 3 mai, Après-VD a eu le plaisir d’accueillir deux nouveaux membres pour une présentation de leur activité à l’Espace Dickens : La Soliderie et The Positive Project.
Héloïse Crisinel et Nadia Crivelli, deux co-présidentes de La Soliderie sont venues depuis Nyon pour nous présenter leur projet d’épicerie abordable et de café engagé.
Le lieu est né de
la distribution alimentaire qui a été mise en place pendant les confinements liés au Covid et alimenté par des dons de particuliers. Après avoir passé 11 samedis
à distribuer des produits aux personnes qui en avaient le besoin – ce qui
représente environ 10 tonnes de nourriture distribuée ! -, la question de
la distribution est devenue politique : est à la ville de se saisir de
cette question ? Faut-il compter uniquement sur des dons ?
À
l’automne 2020, pendant la deuxième vague du Covid, elles ont créé une épicerie
temporaire avec un nouveau modèle de financement : le prix d’entrée était
alors de 3 CHF pour avoir accès à une sélection de produits. Les produits
provenaient d’un partenariat avec la Fondation Table Suisse. Cette fondation
récolte les excédents alimentaires auprès de commerces et les redistribue à des
institutions sociales. Ce partenariat a soulevé pour les intervenantes de
grandes questions : ce partenariat leur permet de proposer des produits de
bonne qualité à des personnes dans le besoin, mais en réorientant le surplus,
est-ce qu’elles ne favorisent pas la surproduction ? Mais aussi est-ce que
la rémunération des producteurs et productrices est « juste » ?
Après
ces expériences qui ont permis d’aider et soutenir les personnes dans le
besoin, Nadia, Heloïse,Illithya Gennai et Najma Rehouma -toutes quatre coprésidentes de La Soliderie - ont décidé de se lancer dans La Soliderie. Sous
ce nom se trouve une épicerie abordable soutenue par un café engagé. Le café
sera ouvert à toutes et tous du mercredi au samedi et l’épicerie ouverte aux personnes
en situation de précarité le mardi. Le prix d’entrée sera de 5CHF et les
personnes pourront se procurer une vingtaine de produits.
L’action des
coprésidentes à travers La Soliderie se situe autour de 3 axes :
- Cohésion sociale et solidarité en apportant de l’aide de façon digne
-
Accès à la culture. Cet axe n’est
pas la priorité, mais l’objectif sera de proposer une offre culturelle
abordable pour les gens qui n’y ont pas ou peu accès. Et Après-VD sera enchanté d'y organiser des évènements !
- Durabilité. Ici se pose un challenge notamment sur le choix des produits : comment offrir des produits locaux et durables à petits prix tout en rémunérant de façon juste les producteurs et productrices ?
Ce beau projet va voir le jour dans quelques mois, le bâtiment sera
construit juste à côté de la gare de Nyon. La Ville de Nyon est enthousiaste, mais
ne propose pas de locaux. La Soliderie sera faite de containers récupérés avec
des murs en paille, des toits végétalisés et les meubles seront récupérés.
Aujourd’hui, elles font face à plusieurs défis :
-
Réussir à convaincre les
voisins de les laisser construire La Soliderie
- Définir le partenariat avec la
Ville de Nyon
Et à l’ouverture, il faudra réfléchir au fonctionnement du café et au choix des produits. Beaucoup de travail en perspective, mais c’est l’aboutissement de plusieurs mois de travail !
Les échanges qui ont suivi la présentation de La Soliderie ont porté
sur les défis précédents, notamment comment elles géraient la distorsion de la
concurrence avec leurs voisins de la gare, la prise en compte des parties
prenantes, la façon dont se passera l’accueil.
=> Si vous souhaitez les aider, n’hésitez pas à les contacter et vous pouvez retrouver leur histoire ici : et leur présentation là :
Ensuite, Sara Gnoni a pris la parole pour présenter son entreprise : The Positive Project.
Experte-comptable, elle a décidé de créer son entreprise
suite à des réflexions personnelles générées par le contexte mondial et
notamment les dépassements des limites planétaires – les limites représentant des
seuils à ne pas dépasser pour que la biosphère conserve sa capacité à fournir
un environnement stable et viable. Les organisations, individus, collectivités ont
toutes et tous une responsabilité pour attendre les objectifs de développement
durable et, dans ce contexte, toute action, contribution est bonne à prendre.
C’est
pour participer à ces objectifs que Sara a créé The Positive Project qui a pour
mission d’accompagner les organisations sur le chemin de la durabilité. Avec son
collaborateur et ses stagiaires, The Positive Project a la volonté d’avoir un
impact positif sur la société à travers les organisations : ONG, RI,
collectivités publiques …. Cette entreprise propose des services d’aide à la
certification B Corp, de la mise en place d’une démarche de durabilité, des
formations et workshops, des services de comptabilité et de finance ainsi que
des audits internes/ externes.
En créant ainsi un écosystème de sociétés
vertueuses, qui travaillent entre elles et admettent leur contradiction et le
chemin qu’elles ont pour arriver à plus de durabilité, The Positive Project œuvre
à créer un environnement d'organisations ayant un impact sociétal et durable
positif.
The Positive Project a le label B Corp, fait partie du 1% for the
planet, le Swiss Triple Impact et le Label éco entreprise – que des labels qui prouvent
que The Positive Project fait plus que s’inscrire dans une démarche de
durabilité, mais l’incarne ! Retrouvez
sa présentation ici :
Les échanges qui ont suivi ont notamment questionné la certification B Corp : est-ce que les critères derrière la certification sont pertinents ? À travers l'exemple de Nespresso - qui a obtenu sa certification B Corp quelques jours après! - Sara nous a expliqué que, effectivement les critères sont pertinents et assez élevés et que surtout cela engendre un processus d'amélioration continue pour avoir plus d'impacts social et durable positifs chez les entreprises, ce qui, est déjà ça !
Le deuxième sujet des échanges avait à trait au fait que The
Positive Project est une petite entreprise et que Sara a du mal à engager de
nouveaux collaborateurs et collaboratrices. Les stagiaires souhaitent
travailler ensuite dans de plus grandes entreprises afin de trouver dans le
travail un véritable lieu de socialisation et d’avoir des collègues, un espace
de travail fixe. Beaucoup d’entreprises de l’ESS ressentent cette tension. En
effet, en ne prônant pas la croissance à tout prix, des potentiel.le.s
collaborateur.trice.s peuvent imaginer que la société va stagner, se renfermer
or l’objectif est de maximiser l’impact sociétal et durable en assurant une
viabilité financière. Le challenge n’est donc pas de créer de la richesse
économique à tout prix, mais de créer de la richesse sociale et durable – des objectifs
– selon nous – plus louables et surtout plus motivants, non ?
Merci encore aux présentateurs et présentatrices et à très vite pour un prochain Midi de l'ESS organisé par Après-VD !
Compte rendu du Midi de l’ESS du 03.05 – La Soliderie et The Positive Project