L’atelier du 12 avril 2023 était consacré à l’économie circulaire. Aujourd’hui le modèle majoritaire de notre société est le modèle linéaire qui recherche d’une production (donc d’une consommation) maximale. Une personne produit en moyenne 700 kilos de déchets par an, ce qui est l’équivalent d’une vache (!). De plus, uniquement 6,9% de l’économie suisse est circulaire.
Dans un contexte de dépassement des limites planétaires et d’urgence à agir, il est nécessaire de repenser notre manière de faire, de produire, de consommer et d’entreprendre. Il faut donc se rapprocher des modèles de l’économie circulaire et de l’ESS[1].
L’économie circulaire est une approche systémique permettant la minimisation des besoins en ressources non renouvelables et la suppression des déchets. Elle vise la fermeture des cycles d'énergie et de matières afin d'assurer un contexte régénératif durable, favorable à l'environnement et à l'humain.
Source image : présentation Locircus.
L’économie circulaire peut être illustrée avec les « 10 R » :
Source
image : présentation Locircus.
Concrètement, l’économie circulaire - et ses complémentarités avec l’ESS- a été illustrée par les deux membres de la Chambre présents.
✳️ Premièrement, Hervé Le Pezenec a présenté
son association Réseau Consignes. Cette association propose de mettre en place
une consigne pour des bouteilles en verre.
Selon lui, il faut distinguer deux
circuits. Premièrement, le circuit du recyclage, qui, malgré ses effets
positifs, génère et utilise des ressources et matières premières. À titre d’illustration,
sur 94% de la collecte de verre, seulement 50% des bouteilles redeviennent des
bouteilles.
Deuxièmement, le circuit du réemploi. Ce
dernier permet de ne pas considérer le contenant comme un déchet. Dans le réemploi
nous réutilisons l’objet pour la même fonction- alors que dans la
réutilisation, nous utilisons l’objet pour une autre fonction, comme utiliser
une bouteille en verre qui contenait du lait pour y mettre des fleurs.
Le réemploi
permet, comparé au recyclage, d’utiliser moins d’énergie, moins d’eau et moins
de CO2. Par exemple, une bouteille peut être réutilisée entre 20 et 50 fois
avant d’être envoyée au recyclage. Évidemment, cela implique une harmonisation
des pratiques pour que ce soit utilisable : il faut la mise en place d’un réseau, de la standardisation des emballages et la mutualisation des infrastructures.
Hervé a ensuite expliqué son projet pilote « ça
Vaud l’retour » qui vise à développer une filière de réemploi des
bouteilles en verre sur le Canton (projet qui a reçu un soutien financier de l’État de Vaud). Aujourd’hui, ce projet pilote regroupe 12
producteurs et 20 points de vente sur les villes de Lausanne, Nyon et Gland.
Son objectif est d’insuffler un changement de comportement pour que le réemploi
et la réutilisation deviennent la norme.
Plus
précisément, le modèle de consigne proposé par Réseau Consignes fonctionne
comme suit :
La filière en début de chaine remplace les distributeurs
et achète les bouteilles qui sont lavées et consignées. Ensuite, cette filière livre les
bouteilles aux producteurs qui remplissent la bouteille et la vendent aux
magasins en facturant un petit montant pour la consigne et le lavage. Le prix de
la consigne se manifeste ensuite dans le prix de vente de la bouteille dans les
magasins. Les consommateur·trice·s achètent donc la bouteille en payant la consigne et
peuvent récupérer le montant quand ils ramènent les bouteilles vides. Ici, le.la
consommateur·trice qui ne joue pas le jeu, perd alors ce montant.
Source image : présentation Réseau Consignes
L’expérience montre que sans valeur sur l’emballage (la consigne sur la bouteille) – c’est-à-dire qu'on compte sur un « retour volontaire » - le taux de retour est de 40 à 50%. Avec la mise en place d’une consigne, ce taux passe à 85% voire à 95% s’il y a un abonnement. Et surtout il faut rappeler que l’emballage a une valeur : il une fonction d’hygiène et de transport notamment.
De plus, c’est un projet pilote s’inscrivant totalement dans les valeurs et principes de l’ESS : la filière est gérée par une coopérative qui fonctionne en gouvernance partagée avec l’ensemble des parties prenantes (producteurs, partenaires logistiques, distributeurs), ils travaillent avec OSEO Vaud pour favoriser l’intégration sicle et Sanu Durabilitas. Ils ne collectent pas de profit sur les consignes, c’est un contrat d’engagement.
✳️ Ensuite Laure Eskenazi a présenté sa plateforme Locircus. Cette plateforme s’inscrit totalement dans l’économie circulaire – et l’ESS - : c’est une plateforme de location matérielle entre personnes vivant à proximité. L’objectif principal est de valoriser nos biens et ainsi de maximiser le réemploi du matériel que nous possédons déjà et donc de désacraliser la propriété des objets en mettant en avant leur valeur d’usage.
Ainsi, cette plateforme permet de :
•
Valoriser et
réutiliser nos biens
•
Réduire notre
consommation globale
•
Réduire les
déchets
•
Réduire
l'encombrement et le besoin d'espace
•
Repenser le
matériel en termes d'usage plutôt qu'en termes de propriété
•
Accéder à ce
qui nous manque à proximité de chez nous et pour une somme raisonnable
•
Créer du lien
social de proximité
•
Sensibiliser
à la mutualisation et à l’économie circulaire
La suite de l’atelier a été plus interactive avec la création des cercles d’influences (soi-même, son entourage direct, son habitat et les organisations/associations, quartier/ville, politique globale).
Un immense merci aux participant.e.s ! Au plaisir de vous revoir !
Retrouvez la présentation ici :
[1] En effet, l’ESS et l’économie circulaire sont complémentaires. Comme nous l’avons expliqué dans cet article, ces deux économies ont la même ambition de réconcilier les enjeux économiques, environnementaux et sociaux à l’échelle des territoires. Combiner l’économie circulaire à travers un changement de la consommation et production visant la sobriété et l’ESS qui permet d’entreprendre différemment en renforçant la cohésion sociale permettrait passer d’un modèle de simple réduction d’impact à un modèle de création de valeur positive sur les plans social, économique et environnemental.
L'économie circulaire en pratique !